dimanche 24 novembre 2013

La Canne en Sucre

Sucre est comme cette île aux Sirènes décrite par Homère…
Ne m’ayant pas bouché les oreilles comme le recommandait ce sage Ulysse, j’ai succombé aux charmes de cette ville et me suis laissé prendre au piège.
Je ne suis pas le seul, car beaucoup de voyageurs ont soudain été frappés, comme moi, d’une « flemme aïgue » dont les principaux symptômes sont des déambulations au Mercado central, des siestes au Mirador, des glandouilles scandaleuses à notre mythique auberge de jeunesse, le Beehive, et des dégustations de breuvages houblonnés au Joyride Café…

Dans un sursaut de bougeotte, j’ai malgré tout décidé de m’embarquer dans un trek de 2 jours pour aller voir le cratère de Maragua….

A partir de là, tout va très vite :
4h00 du mat : Réveil la gueule enfarinée car ces fêtards d’Irlandais ont célébré Halloween toute la nuit faisant un boucan à réveiller les morts (ha ha…)
5h00 : rendez-vous à l’agence où l’on s’entasse dans un taxi pour une petite heure de route
6h00 : arrivée au démarrage du trek et petit déj
6h20 : démarrage du trek
7h20 : Biiim ! chute grotesque sur une pierre en plein chemin de l’Inca…

7h 21 : « ce n’est qu’une égratignure »,
7h30 : « ça va passer »,
7h40 : « merde ça gonfle »,
7h52 : « pourquoi j’ai du mal à plier le genou »,
8h06 : « euh on peut faire demi-tour ? »,
8h22 : « y a des bus pour Sucre dans le village en bas ? »

Et là, je dois remercier ma bonne étoile car il y avait effectivement 2 bus par jour pour retourner à Sucre dans le petit village que nous venions d’atteindre et le prochain était dans 10 min !
Arrivé à Sucre 2h plus tard,  et après un bref coup de fil auprès de mon « assistance » en France (Padre et Frérot), je file à l’hôpital en taxi…

Bref, je suis allé à l’hôpital :
Comment ça fonctionne ?...
Aller à un 1er guichet qui vous fait une fiche de consultation
Payer la consultation
Attendre devant le consultario…

Consultation avec le docteur : 
« Do you speak English?
- Solo Espanol y Quechua.
- C’est bon çaaa ! Vamos a practicar ! Euhh… Mi rodilla, un golpe, me duele… »
2- 3 tatonnements du genou => radio !
Retourner à la caisse, payer la radio, attendre…

Un infirmier arrive avec un fauteuil roulant :
« J’en veux pas !
- si si, on va vous balader dans l’hôpital!
- Fais chier. »

Infirmier :
« Vous venez d’où ?
- France.
- Oh c’est marrant, il y a une Française qui est décédée d’un arrêt cardiaque hier…
- Enfoiré! »

Puis,  je me retrouve dans mon fauteuil roulant, dans un hôpital Bolivien, attendant le verdict de la radio. Là je me fais des films, je ne veux pas rentrer en France, pas maintenant….

Et c’est reparti ! On redescend voir le toubib qui n’est pas à son bureau. Un autre toubib passe dans le couloir l’air de rien. Me demande ma radio, jette un œil à la lumière du couloir et… « C’est pas cassé ! » Ouf.

 1ère toubib revient :
« A priori pas cassé.
- Cool !
- Mais faut voir un traumato parce qu’on n’est pas tout à fait sûrs.
- Ah.
- Allez au guichet d’information.
- Ok
- Et vous avez pris votre calmant ?
- NON !
- Alors on va commencer par là.
- Euh, vous êtes sûre ?
- Oui.
- Ok…»
Et vlan la piqûre dans les fesses !

Au guichet d’info :
« Pas de traumato avant lundi
- Ok et je fais quoi maintenant ?
- Allez voir le doc…»
 
Avec le doc bizarre :
« Euh, je suis un peu vénère là…
-  Ok, on va vous mettre une bande…
-  Ok, salut ! »

3 jours plus tard, verdict du traumato : confirmation qu’il n’y a rien de cassé. Ça peut être douloureux pendant 7 à 10 jours. Prescription de comprimés et d’une pommade. Repos.

Je prends donc mon temps dans cette ville si agréable et savoure cette pause sédentaire le temps de réparer…  Ma canne en Sucre !

Vue des toits du Beehive...
 
 

Mercado Central

 

Mirador


... Sans doute l'effet des médocs!
A Sucre, les Zèbres aident à traverser...

La team du Beehive!!!

Unique photo du trek, quelques minutes avant la chute.

En attendant les résultats de la radio...


Les Mines de Potosi, au-delà du réel...


Aller ou ne pas aller aux mines de Potosi ?...

Les mines d’argent de Potosi, exploitées depuis le XVIe Siècle ont fait en partie la fortune de l’Espagne…. Mais dans des conditions d‘exploitation abominables…
Encore en activité aujourd’hui, elles font également l’objet d’excursions « touristiques ».
Dès lors la question se pose : Faut-il se laisser aller à un voyeurisme sadique consistant à observer des mineurs travaillant dans des conditions particulièrement difficiles ou telle une autruche ayant perdu ses clés dans le désert, se voiler la face et continuer sa route ?...
(Au passage, ça me ferait bien chier de voir des hordes de touristes, débarquer le lundi matin dans l’open-space, chaussettes dans les sandales et bob vissé sur la caboche … mais je m’égare, le débat n’est pas là !)
Je prends finalement la décision d’y aller. J’ai besoin de voir la réalité de mes propres yeux.

Je passe par une agence d’anciens mineurs qui me font payer le double du prix des autres agences : acte socialement responsable ou pigeonnage en beauté ?
Nous nous arrêtons dans un premier temps dans la « minor street » pour acheter des cadeaux aux mineurs que nous croiserons. Tout y est : Coca, dynamite, alcool à 96°…
J’achète des feuilles de coca et du jus de fruit mais ne me prive pas d’une petite dégustation de l’alcool à 96°… Aouch !
Après nous être équipés intégralement (casque, combinaison, bottes et foulard pour la poussière), nous prenons la route pour la mine.
Une fois dans les galeries, l’environnement est effectivement hostile. Obscurité, étroitesse des couloirs, chaleur, difficulté à respirer (altitude et poussière) rendent la progression particulièrement difficile. Pour autant, le guide détend l’atmosphère en distillant ses blagues entre chaque explication sérieuse…
« Dynamisme, attitude positive et sens de l’humour  sont les qualités essentielles du mineur. »
« Nous travaillons dans la mine de générations en générations et nous en sommes fiers. »
« Nous sommes fiers de montrer notre mine aux touristes. »
Cette fierté et cette bonne humeur rendent la visite « presque » agréable…
Je ressors néanmoins de cette visite profondément troublé par le contraste entre ce que j’ai vu et ce que j’ai entendu…

Quelques jours plus tard, je vois le film « The Devil’s Miner » à Sucre ; un documentaire allemand qui apporte un autre éclairage particulièrement dramatique sur le travail dans les mines de Potosi, notamment par l’angle du travail des enfants…

Je ne sais que penser… entre une visite pour touristes présentant une réalité apparemment très édulcorée et un documentaire accablant réalisé par des étrangers, la vérité est ailleurs…








Uyuni : Sand, Salt and Fun!

3 jours d’excursion, 1 Jeep, une team extra, des paysages époustouflants !

Mon pote Jefton a magnifiquement résumé ce trip à travers un film de toute beauté!...

Enjoy!

Vidéo UYUNI